Des chercheurs de l’Inra et de Bordeaux Sciences Agro, en collaboration avec le Synchrotron SOLEIL, démontrent qu’il n’y a pas de différence entre huit variétés de vignes vis à vis de leur résistance à l’embolie vasculaire lors de sécheresses sévères..

01/02/2018

Dans le contexte de changement climatique, la vigne (Vitis vinifera) va devoir faire face à des stress hydriques croissants. Comment va-t-elle réagir à des épisodes de sécheresse plus intenses et plus fréquents ? Les cépages seront-ils égaux face au manque d’eau ? Malgré le fait que la vigne est adaptée à des environnements subissant des sécheresses saisonnières, les études divergent quant à sa réponse à la sécheresse. Une équipe de l’Inra et de Bordeaux Science Agro, en collaboration avec le Synchrotron SOLEIL, a scruté les mécanismes physiologiques et hydrauliques qui régissent la résistance et la résilience du système vasculaire de la vigne confrontée au stress hydrique.

En étudiant la régulation de la transpiration (via les stomates dont la fermeture est la première réponse au stress hydrique) de deux cépages (dont Syrah et Grenache) et deux porte-greffes, les chercheurs ont démontré que ces vignes adoptent le même comportement face au stress hydrique. Par ailleurs, les scientifiques ont analysé la vulnérabilité à l’embolie3 de cinq cépages et trois porte-greffes (dont deux espèces Vitis vinifera et Vitis riparia), et pour certaines, leur capacité à récupérer après un épisode de sécheresse. Leurs travaux ont permis de mettre en évidence un changement de vulnérabilité à la sécheresse au cours de la saison. Cet effet ontogénique4 très marqué permet aux vignes étudiées d’être plus résistantes après l’aoûtement4 lorsque les sécheresses sont plus fréquentes et intenses.

Les chercheurs ont donc défini les seuils de stress hydriques pour cinq cépages et trois porte-greffes et ont comparé leurs données aux épisodes de sécheresse recensés depuis plus de 15 ans dans deux des plus grandes régions viticoles du monde : Saint Émilion et la vallée de Napa en Californie. Pour la première fois, ils ont mis en évidence que la marge de sécurité vis-à-vis de la sécheresse est restée positive quoique faible au mois de juillet. Les vignes n’ont donc jamais atteint leur seuil de rupture pendant les épisodes de sécheresse du début du siècle. Deux stratégies expliquent ce comportement : une bonne résistance des vaisseaux de la tige à l'embolie vasculaire et une plus grande vulnérabilité des feuilles au dessèchement qui jouent le rôle de fusible. Ces résultats pourront être utilisés par les viticulteurs pour piloter les vignobles de demain et notamment y adapter la gestion de l’eau.

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