Agroécologie et production alimentaire mondiale.

05/04/2018

3 avril 2018, Rome - M. José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, a appelé à construire des systèmes alimentaires plus sains et équilibrés, ajoutant que l'agroécologie pouvait contribuer à une telle transformation. Le Directeur général  a lancé cet appel lors de son discours inaugural prononcé à l'occasion du 2ème Symposium international sur l'agroécologie qui se tient à Rome du 3 au 5 avril.

Il  a expliqué que la plupart de la production alimentaire se basait sur des systèmes agricoles nécessitant beaucoup d'intrants et de ressources et nocifs pour l'environnement, et que cela avait pour conséquence, la dégradation croissante des sols, des forêts, de l'eau, de la qualité de l'air et de la biodiversité. Il a par ailleurs ajouté que le fait d'augmenter la production à tout prix n'avait pas été suffisant pour éradiquer la faim et que « nous étions confrontés à une épidémie mondiale d'obésité ».

« Nous devons encourager un changement en profondeur de la manière dont nous produisons et consommons les aliments. Nous devons promouvoir des systèmes alimentaires durables qui offrent une alimentation équilibrée et nutritive, des services écosystémiques et une meilleure résilience face au climat. L'agroécologie peut contribuer au processus de transformation de nos systèmes alimentaires, » a -t-il dit.

Associant le savoir traditionnel au savoir scientifique, l'agroécologie applique des approches écologiques et sociales aux systèmes agricoles, en prenant en compte les multiples interactions qui existent entre plantes, animaux et environnement.

M. Graziano da Silva a également exhorté les décideurs politiques nationaux à mieux soutenir les acteurs évoluant dans le domaine de l'agroécologie. «  Pour avancer, nous avons besoin que davantage de gouvernements et de décideurs politiques issus du monde entier s'impliquent, » a-t-il ajouté.

« Rendre les systèmes alimentaires durable signifie effectuer des changements économiques, sociaux et culturels, » a indiqué M. Gilbert F. Houngbo, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA). « C'est pourquoi des projets soutenus par le FIDA adoptent une approche holistique, facilitent les investissements avec du soutien politique, des connaissances et des activités de formation. La diversité de la production doit coïncider avec la diversité des régimes alimentaires et être acceptée par des consommateurs conscient de leurs choix nutritifs et sensibilises au changement climatique. » a-t-il ajouté.

M. Stéphane Le Foll, ancien ministre de l'agriculture a prononcé le discours d'ouverture.

Il a exhorté à engager un nouveau dialogue et à prendre des mesures pour lancer une « révolution doublement verte » en matière de production agricole qui s'appuiera sur la nature, les scientifiques et le savoir local. « Nous sommes à l'aube d'une histoire de l'humanité et c'est à nous de faire nos choix - des choix importants - qui seront essentiels pour notre avenir collectif, » a-t-il indiqué.

Un dialogue mondial

Le Symposium, qui s'étale sur trois jours, réunit près de 700 participants dont des décideurs politiques, des spécialistes en agroécologie, des universitaires, des représentants du gouvernement, de la société civile, du secteur privé et des agences onusiennes afin de discuter des éléments clés et des actions à prendre afin de promouvoir l'agroécologie.

Le Symposium aura pour objectif d'identifier les besoins, les défis et les opportunités afin de promouvoir les politiques, les pratiques et les investissements agroécologiques.

L'Initiative Promouvoir l'agroécologie sera lancée lors de la journée de clôture. L'initiative vise à encourager un processus de transition vers l'agroécologie plus inclusif et holistique, et ce, par le biais d'outils et de partage du savoir pour une meilleure transformation de la nourriture et des systèmes agricoles.

Une voie vers le développement durable

Un exemple d'agroécologie est celui d'un écosystème conçu par des agriculteurs chinois où les feuilles des mûriers sont données à manger aux vers à soie dont les déchets corporels servent ensuite de nourriture aux poissons. La matière organique présente dans les bassins de boue des poissons est ensuite utilisée comme engrais pour les mûriers, complétant ainsi un cercle vertueux de production. Pendant des siècles, ce système a contribué au bon fonctionnement des entreprises auxiliaires telles que la production de soie.

L'agroécologie peut contribuer à protéger des ressources naturelles et la biodiversité tout en promouvant l'adaptation au changement climatique et l'atténuation de ses effets. Elle permet également d'améliorer la résilience des exploitants familiaux, en particulier dans les pays en développement où les souffrances liées à la faim sont légions. Elle peut également contribuer à la production et la consommation d'aliments nutritifs et sains et stimuler les économies et les marchés locaux. Ces nombreux bénéfices font de l'agroécologie une solution pertinente en vue de réaliser le Programme de développement durable à l'horizon 2030 et de relever les défis qui y sont liés.

Le savoir et l'innovation pour provoquer un changement

Investir dans les connaissances et l'innovation est essentiel afin d'exploiter pleinement le potentiel de l'agroécologie. Le Symposium comprend une exposition qui met en lumière les innovations dans le domaine de l'agroécologie dans le monde entier. Une équipe de scientifiques espagnols présentent CONECT-e, une plateforme en ligne conçue pour les agriculteurs et autres afin de stocker et de partager des connaissances écologiques traditionnelles avec les scientifiques.

Une exposition ghanéenne met à l'honneur un projet soutenu par ActionAid et mené par des agriculteurs qui encourage l'accès des femmes aux services de vulgarisation agricole en promouvant l'agroécologie.

Le projet a permis aux petites exploitantes agricoles d'augmenter leur production agricole grâce à l'agroécologie, en dépendant moins des intrants externes tels que les herbicides.

Un nouveau souffle

Le premier Symposium sur l'agroécologie s'est tenu à la FAO en 2014. Depuis, les rencontres régionales ont eu lieu en Amérique latine, en Afrique subsaharienne, en Europe, en Asie centrale, et dans la région Asie et Pacifique. Ces quatre dernières années, plus de 1400 participants issus de 170 pays ont été impliqués dans cette initiative mondiale afin de discuter et de souligner l'importance du potentiel de l'agroécologie.

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