En France, les émissions de N2O par les sols agricoles sont estimées à 46,7 milions de tonnes d'équivalent CO2 (MtCO2e) en 2010, soit 44% des émissions du secteur de l'agriculture. Eles sont en particulier associées à l’usage des engrais azotés de synthèse. Il existe un consensus sur l’importance des excédents d’azote dans les systèmes cultivés en France, sur la faible efficacité globale de l’azote apporté par les engrais minéraux de synthèse, enfin sur le potentiel de bonnes pratiques agricoles à améliorer cette situation.
L’action présentée dans la fiche (voir le Document : "Réduire le recours aux engrais minéraux de synthèse") propose d’étudier les possibilités de réduire les émissions de N2O en diminuant à la fois les doses de fertilisant de synthèse et les émissions par unité d’azote apporté.
Elle est déclinée en trois composantes:
A. Réduire la dose d’engrais minéral en ajustant mieux l'objectif de rendement
B. Mieux substituer l’azote minéral de synthèse par l’azote des produits organiques
C. Améliorer l’efficacité de l’azote minéral des engrais en modifiant les conditions d’apport
Les leviers d’action étudiés sont : une diminution de la dose d’azote minéral apportée en ajustant mieux l'objectif de rendement, une meileure valorisation des effluents d’élevage et autres déchets organiques se substituant aux engrais minéraux, et une amélioration de l’efficacité de l’azote apporté obtenue en modifiant les conditions d’apport. Toutes ces techniques n'affectent pas les rendements, et n'impliquent pas de bouleversement des systèmes de production.
Cette réduction de la fertilisation minérale permet en outre des économies d'énergie fossile (donc d'émissions de CO2 induites en amont de l'exploitation), puisque la fabrication des engrais azotés de synthèse est forte consommatrice d'énergie.
L'action concerne les grandes cultures hors légumineuses. Ele est complémentaire d'autres actions visant également la réduction des apports d'engrais azotés minéraux, par : l’accroissement des surfaces de légumineuses, la généralisation des cultures intermédiaires qui limitent les pertes ou la "désintensification" des prairies les plus fertilisées.
La gestion de la fertilisation azotée des grandes cultures est techniquement complexe car elle doit tenir compte de la diversité des conditions pédoclimatiques et des incertitudes liées au climat, au fonctionnement biologique des sols et des peuplements, à la disponibilité des formes d’azote. Ces incertitudes conduisent souvent à chercher à minimiser les risques de pertes de rendement en augmentant les doses d’azote. Les pratiques visant à diminuer les risques de pertes (notamment par volatilisation d’ammoniac) doivent donc à tout prix être favorisées. Les approches favorables à l’atténuation des GES le sont également à la limitation de la contamination des eaux superficielles et souterraines par le nitrate. Ceci suppose que des techniques encore peu étudiées et/ou pratiquées (l’application localisée de l’engrais dans le sol ou l’utilisation d’inhibiteurs de nitrification par ex.) fassent l’objet d’études plus systématiques en France, pour pouvoir préparer l’accompagnement des agriculteurs. Il existe aussi une marge de progrès considérable sur la mise en oeuvre d’outils de pilotage de la fertilisation azotée, encore peu utilisés, et qui montrent leur intérêt dans la réduction de la dose totale d’azote, dès lors que l'objectif de rendement n'est pas surestimé.