Quelle contribution de l'agriculture Française à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ?.


Maintenant reconnue comme un des enjeux majeurs de l’évolution du climat de notre planète pour les cinquante années à venir, la maîtrise des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES, essentiellement CO2, N2O et CH42) représente un objectif majeur. La limitation des émissions en provenance du secteur agricole est difficile, mais elle deviendra de plus en plus indispensable au fur et à mesure que les autres secteurs économiques également émetteurs de GES parviendront progressivement à réduire les leurs. A l'inverse, l'agriculture pourrait significativement contribuer au stockage de carbone dans les sols et la biomasse.

Si les objectifs mondiaux de réduction sont atteints en 2050 sans que les émissions d’origine agricole diminuent, la part de ces dernières dans le total des émissions passera de 24% à plus de 75% des émissions totales, alors que l’agriculture ne représente que quelques points du PIB mondial. Rappelons que le contexte mondial de l’augmentation de la population et du changement des régimes alimentaires devra, dans le même temps, conduire à une augmentation d’environ 70% des disponibilités alimentaires (FAO 2009). Il faudra donc réduire les émissions et, en même temps, continuer à augmenter sensiblement la production agricole.

A l’instar de plusieurs autres pays de l’OCDE, la France s’est engagée dans une politique ambitieuse de réduction de ses émissions : par rapport à 1990, année de référence, l’Europe s’est engagée à réduire ses émissions de 20% en 2020, tandis que la France vise, elle, une réduction de 75% en 2050. Notre pays doit donc traduire cet effort dans les différents secteurs de l’économie, dont l’agriculture.

Au niveau national, l’agriculture représente environ 2% du PIB et environ 20% (en intégrant les émissions énergétiques) du total des émissions de GES (CITEPA 2012).

Mais les émissions du secteur agricole sont diffuses, contrairement à celles de nombreux autres secteurs. Le N2O, par exemple, est émis sur la presque totalité des surfaces cultivées et tous les ruminants émettent du CH4 associé à la digestion de leurs aliments. Les émissions d’origine agricole sont en outre imparfaitement connues et sujettes à des variations importantes d’un site à l’autre ou d’un système agricole à l’autre. Enfin, le grand nombre d’exploitations agricoles et leur grande diversité sur le territoire national compliquent non seulement les estimations de ces émissions, mais encore le dispositif que les pouvoirs publics pourraient mettre en place pour inciter à les réduire.

Plusieurs pays, comme les Etats-Unis, le Canada, l'Irlande ou le Royaume-Uni, ont travaillé sur les mesures à mettre en place afin de limiter les émissions de GES de leur secteur agricole. Ces démarches s’appuient sur des travaux scientifiques visant à mieux connaître les mécanismes d’émissions et à explorer des techniques permettant de les limiter. Elles constituent des références très utiles pour la situation française, mais ne permettent d’appréhender ni la réalité nationale des émissions, ni le chiffrage précis des réductions espérées, ni le coût des actions qui permettraient ces réductions.

C'est dans ce contexte que l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), le Ministère de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt (MAAF) et le Ministère de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie (MEDDE), ont demandé à l'INRA de réaliser une étude sur l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur agricole métropolitain. La finalité de l'étude est d’établir un état objectif et le plus exhaustif possible des connaissances sur les actions qui pourraient être potentiellement déployées afin de limiter les émissions de GES en agriculture, puis de sélectionner, avec des critères transparents et explicites, une dizaine d’actions pour lesquelles une instruction du rapport coût/efficacité sera réalisée de manière détaillée. Dans leur lettre de commande, les commanditaires précisent que le travail demandé est de déterminer et d’analyser une dizaine d’actions d’atténuation portant sur des pratiques agricoles. L’analyse consiste à estimer le potentiel d’atténuation de chacune de ces actions et les coûts ou gains associés en termes économiques.

Les résultats de l'étude ont vocation à pouvoir servir de base, le cas échéant, à l'élaboration de politiques publiques de réduction des émissions de GES. En revanche, l'identification des instruments de politiques à mettre en oeuvre pour favoriser l'adoption des actions étudiées ne fait pas partie de la commande.

Le présent document constitue une synthèse des principales étapes et des principaux résultats de l’étude, à destination des décideurs et des parties prenantes que sont les praticiens de l’agriculture (agriculteurs et conseillers) et les gestionnaires des questions liées aux effets de l’agriculture sur le climat. Cette synthèse a été conçue comme une clé facilitant l’accès aux différents chapitres du rapport d’étude dont elle suit le plan.

Ce document résume dans un premier temps (Partie I) le contexte, l’organisation de l’étude et la méthodologie employée pour sélectionner les dix actions à instruire ; puis il présente (Partie II) les fiches résumées des 10 actions instruites par les experts qui sont décrites de manière exhaustive dans le rapport ; et enfin (Partie III), il présente une analyse comparée des 10 actions instruites. Les résultats intermédiaires et/ou les analyses expliquant les principaux résultats présentés ici, ainsi que d’autres résultats complémentaires, sont détaillés dans le rapport de l’étude.

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